Tous. Il les a tous faits. Depuis les débuts en 2010, Grégoire de Mevius n’a manqué aucune édition du Maroc Historic Rally. Soit dix participations ; le compte est bon puisque le rendez-vous de 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, avait dû être annulé.
« En vérité, j’ai même couru onze fois en historique au Maroc, précise-t-il. La première, c’était dans une épreuve organisée par des Anglais. » Le pays, qu’il a traversé à de multiples reprises avec le Dakar*, l’a conquis depuis longtemps. Mais le charme d’un Historic tracé par Yves Loubet est incomparable : « les pistes sont bien meilleures que pour un Dakar. L’état d’esprit est forcément différent. Yves veut avant tout que les concurrents se régalent. »
« En vérité, j’ai même couru onze fois en historique au Maroc, précise-t-il. La première, c’était dans une épreuve organisée par des Anglais. » Le pays, qu’il a traversé à de multiples reprises avec le Dakar*, l’a conquis depuis longtemps. Mais le charme d’un Historic tracé par Yves Loubet est incomparable : « les pistes sont bien meilleures que pour un Dakar. L’état d’esprit est forcément différent. Yves veut avant tout que les concurrents se régalent. »
Entretien…
-« Grégoire de Mevius, qu’est-ce qui vous séduit tant sur ces pistes et cette terre ?
-Tout ! Pour moi, le pilotage sur ces pistes, c’est tout simplement le nirvâna du sport automobile. J’aime la glisse. J’aime l’improvisation. J’aime rouler vite en découvrant le terrain. Au début, sur le Maroc Historic, nous n’avions pas le droit de reconnaître ; mais le parcours tracé par Yves en tenait compte, et nous pouvions d’emblée rouler vite avec une certaine sécurité. Ce que j’aime aussi, ce sont les paysages.
-Avez-vous le temps de les contempler ???
-Sur les spéciales, on capte la route, et tout ce qui la borde. Quant aux liaisons, Yves les veut toujours belles. Il sait les repérer et les choisir. Il nous emmène immanquablement dans de ‘’beaux voyages’’.
-Comment êtes-vous passé du Dakar à l’historique ?
-Cela remonte à mon grave accident sur le Dakar, justement, en 2005. J’ai arrêté la course professionnelle en janvier 2005. Je ne voulais plus en entendre parler. Un ami m’a dit un jour : ‘’tu devrais essayer l’historique. C’est toujours de la course, mais dans un esprit tout autre.’’ Et j’ai suivi son conseil. En 2010, je m’engageais pour le Maroc Historic. Puis le Kenya. Et ainsi de suite.
-L’historique vous a en quelque sorte permis de renouer avec la compétition automobile…
-J’aime l’approche ‘’amateur’’ de la course en historique. On n’est pas payé pour courir. Au contraire on paie. Il s’en dégage une autre énergie, de plaisir et d’amusement. On court avec le souci de ne pas abîmer sa voiture. Quand on en casse une qui n’est pas la sienne, mis à part le résultat hypothéqué, on n’éprouve pas le même sentiment. Ce qui me plaît aussi dans l’historique, ce sont les rencontres. Et puis, on vieillit et là, nous sommes tous dans la même optique : l’important se niche dans le plaisir de rouler tous ensemble. Je vous parle de rencontres : par exemple j’ai découvert Philippe Gache en historique, et c’est une personnalité que j’apprécie infiniment. J’y ai retrouvé Alain Oreille, qui était l’un de mes adversaires voilà trente ans et qui n’a rien perdu de son bon esprit.
-Et le parcours en soi, qu’a-t-il d’envoûtant ?
-C’est bien simple : lorsque Yves vous en parle, vous avez déjà envie d’y être ! Ses courses sont organisées dans la philosophie idéale pour ce genre d’épreuves : on a un règlement sérieux et solide, un cadre qui se tient, mais qui laisse une relative souplesse, juste ce qu’il faut pour que l’aventure reste un plaisir, et non pas un chemin pavé de contraintes. Yves a vraiment trouvé le dosage idéal. Au nom du confort et de la sécurité des pilotes, il a par exemple été un grand défenseur de la direction assistée sur les voitures historiques.
-Vous avez remporté deux fois le Maroc Historique (2010, 2011) au volant d’une Porsche 911 Carrera RS…
-Ah mais oui, c’est l’arme absolue la Porsche ! Elle roule vite et elle est fiable.
-C’est donc avec elle que vous repartiriez ?
-Non, justement pas. Je reprendrai la Nissan 240 avec laquelle j’ai déjà couru au Maroc Historic. Une fois 2e, une fois 3e, et deux abandons sur casse mécanique. Mais j’aime cette voiture, un modèle assez rare, des années 83-84. Il y en a eu 200 exemplaires de construits. Ils ont été conçus pour la course. Je crois que jusqu’à présent, la mienne est la seule à avoir couru sur terre dans des rallyes historiques. C’est assez difficile à mettre en œuvre, mais justement c’est ce qui me plaît. Il nous a fallu deux ans pour réviser le moteur après une casse au RAC historique !
-Même si vous ne gagnez pas avec la Nissan 240, vous êtes heureux ?
-Oui, ça m’amuse de la sortir, j’ai plaisir à la bichonner. Et puis, elle se pilote d’une manière si particulière… Elle glisse beaucoup. La plupart des autres restent dans les garages, leurs propriétaires craignent d’avoir à les réparer car on ne trouve pas beaucoup de pièces.
-Votre fils Guillaume est pilote lui aussi. Vous suivra-t-il en historique ?
-Il l’a déjà fait. Il a disputé le Maroc une fois et terminé 3e. Il a couru également le RAC. Mais l’historique n’est pas si simple quand on est jeune, parce qu’on n’y a pas ses repères. Il a 33 ans et une priorité : le rallye moderne. Guillaume se bat actuellement pour décrocher le titre au Championnat de Belgique. Il m’a dit un jour : ‘’l’historique, j’y reviendrai, mais plus tard.’’ »
*Grégoire de Mevius a couru sept Dakar, plus trois autres vécus en tant que team manager.
Mardi 19 Octobre 2021